top of page

- L'art du combat -

 

Demandant des années de pratique et d’entrainement, l’escrime permet de comprendre comment les soldats, les chevaliers ou les mercenaires combattaient durant la Guerre de Cent Ans. Il faut savoir qu’au Moyen-âge, le terme d’escrime comprend l’ensemble des différents arts martiaux existants (épée longue, épée et bocle, dague, lance et formes de corps à corps). Pendant longtemps, les historiens ont ignoré les traités d’escrime pensant qu’ils n'avaient aucun intérêt, mais maintenant les spécialistes d’Histoire militaire se penchent sur ces textes pour comprendre les techniques utilisées à l’époque. Ces mêmes spécialistes font d’ailleurs de plus en plus appel à des pratiquants des Arts Martiaux Historiques Européens (AMHE) ou à des troupes de reconstitutions historiques pour voir et comprendre l’application de ces techniques.

Entre les XIVe et XVe siècles, on distingue principalement deux traditions qui ont été très actives et elles ont laissé des traités qui sont parvenus jusqu'à nous : la tradition italienne, et la tradition allemande. Tous ces traités sont à viser totalement martiales, l’objectif est donc de savoir pourfendre son adversaire en frappant les points faibles des armures ou en utilisant des moyens qui semblent peu conventionnels. Dans tous les cas, l'on distingue un certain nombre de points communs: les armes sont multiples, une arme telle qu'une épée est utilisée à la fois de taille et d'estoc et en utilisant aussi des techniques de lutte à l'épée (surtout utiles en armure). Les quillons, le pommeau servent alors comme moyen de percussion sur le visage ou de crochetage pour lutter contre son adversaire. L'épée peut être prise une main sur la lame, de sorte que l'épée devienne un levier: l'on parle de "demi-épée" (Halbschwert, en allemand); elle peut également être prise les deux mains sur la lame, afin d'utiliser l'épée comme un marteau. Ces traités pouvaient être commandés par des nobles ou offerts par l'auteur, c’est par exemple le cas du traité Le Jeu de la Hache qui a été offert à Philippe II de Bourgogne par un maître d’armes milanais anonyme vers 1400. Ce traité est actuellement conservé à la Bibliothèque Nationale de France (B.N.F.) sous la référence ms. Français 1996.


La tradition italienne

Les manuscrits de Fiore dei Liberi datent d'environ 1410, trois d'entre eux sont rédigés en italien et un dernier en latin conservé à la B.N.F. sous la référence ms. Latin 11269. Y sont représentées toutes les formes de combat de l'époque nécessaires à la formation d'un homme d'armes: la lutte, le combat à la dague, à l'épée longue (la spada longa), à la hache d'armes et bec de corbin, le combat en armure. Lors de la rédaction de ces traités, Fiore était âgé d'environ 60 ans et avait (ainsi dit-il dans ses traités) un passé martial de quarante ans, ce qui signifie que les techniques qu'il décrit datent du XIVe siècle.

​​​​​​​​​​​​​​​

La tradition germanique

 

Il s'agit d'un ensemble de manuscrits dits « Fechtbücher » (Fechtbuch signifie en moyen haut-allemand "livre sur le combat") datant pour la plupart du milieu du XVe siècle. Comme les traités italiens, ces traités se caractérisent par le fait qu'ils abordent une multitude d'armes. Cependant, c'est l'épée longue, ou épée à deux mains, qui est l'arme qui est vue comme la plus importante et comme arme introductive à toutes les autres armes.

Une figure centrale ressort très souvent dans ces traités, celles du maître d'armes Johannes Liechtenauer, un maître d’armes du XIVe-XVe siècle, dont on ne sait pratiquement rien, mais qui aurait laissé un poème en vers très obscur, dans lequel il détaille un ensemble de techniques formant un système de combat à l'épée longue. On trouve pour la première fois une trace de ce texte dans le livre de raison de Nuremberg HS 3227a (également connu sous le nom de Codex Döbringer). Le texte a été repris, et glosé, par toute une série de maîtres d'armes qui forment ce que l'on appelle aujourd'hui la tradition de Liechtenauer. Les traits marquants de ces traités, à l'épée longue, sont les suivants:

  • quatre gardes fondamentales: Ochs (le bœuf), Pflug (la charrue), Alber (le fou) et Vom Tag (la garde "du jour" ou "du toit");

  • la notion de coup de maître (meisterhau), initialement des techniques secrètes réservées à des initiés, qui consistent à parer un coup adverse et à blesser l'adversaire, simultanément.

 

Il est également important de signaler l'existence de traditions faisant état d'un fond martial germanique commun, mais non rattachées au style de Liechtenauer. C'est le cas des traités de la série dite "Gladiatoria", mais également des pièces d'épée décrites dans le Codex Wallerstein, qui ne font référence ni au texte de Liechtenauer et de ses successeurs, ni même à son autorité intellectuelle.

bottom of page